Les deux frères Koerper Georges-François (1776-1859) et Sébastien (1780-1852) sont nés à Knittelsheim dans le Palatinat, village situé en Allemagne à 35 km au nord de Lauterbourg, à 10 km à l’est de Landau. Pour quelle raison ont-ils choisi de s’installer à Herrlisheim ? Il est difficile de répondre à cette question, mais nous pouvons faire des hypothèses.
Les guerres
Knittelsheim fait partie du Sud du Palatinat, une région plusieurs fois rattachée au royaume de France puis à l’Empire de Napoléon. Le passage des troupes françaises ou allemandes provoquaient beaucoup de désordres. Les années terribles pendant les guerres après la Révolution ont provoqué beaucoup de mouvements de population, et des habitants sont partis pour s’installer ailleurs.
Les armées en campagne
Comme le prouvent beaucoup de documents, Sébastien était soldat durant plus de 10 ans (voir l’onglet Koerper Sébastien Militaire de l’Empire). Son frère ainé Georges-François est également signalé militaire dans l’acte de partage des biens de son père Conrad Körper le 16 août 1796 à Knittelsheim (notariat allemand ancien appelé Ausfautei).
A l’époque, les campagnes militaires duraient plusieurs mois, parfois des années et les déplacements s’effectuaient à pied. Le plus souvent, la nuit les soldats bivouaquent tout simplement. Si la troupe en marche est appelée à cantonner à proximité d’une ville ou d’un village, chacun à l’étape reçoit un billet de logement, qui lui permettra d’avoir le gite et le couvert chez l’habitant, ce dernier n’étant pas toujours ravi de cette contrainte ! Ce type de séjour ne dépasse pas deux à trois jours, sauf en période hivernale, où il dure parfois toute la saison. Si c’est le cas, bien souvent le soldat aide son hôte aux travaux journaliers en échange de cet accueil. Il bénéficie aussi de périodes de repos en temps de paix ou d’armistice. L’idéal pour lui est d’être logé dans quelques fermes ou petits bourg plutôt qu’en caserne. Il peut alors se rendre utile à son hôte, participer aux travaux des champs, tout en courtisant parfois les jeunes filles de la maison.
Ainsi peut-être, Georges-François était-il cantonné à Herrlisheim ou dans les environs pendant son service militaire autour des années 1796-1799 . Il a peut-être trouvé du travail chez Jean Kocher dit de Schmedhàns (env.1739-1801) qui était maréchal-ferrant à Herrlisheim, et a fait connaissance de la fille de celui-ci, Catherine Kocher. Ou peut-être l’a-t-il connue pendant qu’il était cantonné près d’Herrlisheim et est-il revenu après la fin de sa période militaire. Ce qui est sûr, c’est que Georges-François et Catherine Kocher se marient le 30 nivôse an VIII (20 janvier 1800). Ils fondent leur famille à Herrlisheim et Georges-François exercera le métier de maréchal-ferrant, comme ses fils, petits-fils, arrières petits-fils et même arrière arrière-petit-fils.
Plus tard, après son service militaire, Sébastien viendra sûrement rejoindre son frère Georges-François à Herrlisheim. Puis il se mariera avec Thérèse Oswald le 7 février 1817.

Jean-François-Thérèse Barbier, Bivouac du 2e régiment de hussards, à Austerlitz, en 1805 © Paris – Musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand Palais / image musée de l’Armée
Toutes ces idées ne sont que des suppositions. . . .
Le mariage civil de Georges-François Koerper et Catherine Kocher
Entre le 1er vendémiaire an VII (22 septembre 1798) et le 7 Thermidor an VIII (26 Juillet 1800), les mariages ne pouvaient plus se tenir dans les communes, mais uniquement dans la mairie du chef lieu de canton. C’est ainsi que Georges-François et Catherine durent se marier civilement à Bischwiller, le 30 nivôse an VIII (20 janvier 1800). Le registre des mariages n’existe plus mais une liste des mariages cantonaux avait été dressée.

Extrait du registre cantonal des mariages de Bischwiller pour l’an VIII : Körper Frantz von Herrlisheim verheÿrathet an Catharina Kocher von Herrlisheim den 30.ten Nivos.
Par chance, les extraits des publications des mariages de Herrlisheim prononcés à Bischwiller ont été conservés à Bischwiller et sont accessibles aux Archives d’Alsace à Strasbourg. Ces publications contiennent les mêmes informations que l’acte de mariage.

Extrait de la publication du mariage de François Koerper et Catherine Kocher, 29 nivôse an VIII.
Traduction de l’extrait du registre des publications de mariage de la commune de Herrlisheim :
Le soussigné adjoint, en l’absence de l’agent de la commune de Herrlisheim, certifie que le bourgeois Franz Körber, maréchal-ferrant, fils légitime célibataire âgé de 23 ans de Conrad Körber et Rosina Hauck autrefois époux et bourgeois de Knittolsheim, canton de Germersheim, département du Mont-Tonnerre, et Catherine Kocher, fille légitime célibataire âgée de 26 ans de Johannes Kocher, maréchal-ferrant et Barbara Förtsch bourgeois et époux de Herrlisheim, ont l’intention de se marier ensemble. Rendu public du 23 au 28 nivôse courant et affiché à la porte principale de la maison commune, sans qu’aucune opposition n’ai été faite. Herrlisheim en la maison commune, le 29 nivôse de l’an VIII de la République. Oswald, adjoint.
Remarque : on constate des erreurs dans cet acte : d’abord dans le nom du marié (Körber au lieu de Körper), puis dans le nom du village d’origine du marié (Knittolsheim au lieu de Knittelsheim), enfin le prénom de la mère de la mariée (Barbara au lieu de Anne-Marie).
Le mariage religieux de Georges-François Koerper et Catherine Kocher
Durant la période révolutionnaire, la pratique des religions est interdite. L’église de Herrlisheim est transformée en grenier à foin et sert d’hôpital militaire, du 9 septembre 1792 à 1800. Le mariage religieux de Georges-François et Catherine sera célébré le 15 septembre 1800 à Herrlisheim, soit 8 mois après le mariage civil. Le prêtre rappelle cette situation scandaleuse dans l’acte de mariage.
Parmi les témoins du mariage : François-Joseph Oswald et son fils François-Xavier Oswald qui sont le grand-père et le père de Thérèse Oswald la future épouse de Sébastien Koerper.

Bénédiction nuptiale de François Koerper et Catherine Kocher le 15 septembre 1800
Essai de traduction partielle de la bénédiction nuptiale en latin :
Franciscus Körper et Catharina Kocher. Le 15 septembre de l’année 1800 sans proclamation des bans …. était une dispense scandaleuse, parce que les nouveaux mariés … quatorze mois unis civilement dans notre paroisse cohabitent et comme des époux, en tant que tel … , aucun empêchement canonique ou civil n’a été détecté, par moi soussigné administrateur, après avoir reçu leur consentement mutuel, ont été unis par le lien sacré du mariage, François Korper fils célibataire de Conrad Korper et Rosine Haug mariés et citoyens de Knöttelsheim diocèse de Spire où ils habitent, et Catherine Kocher fille célibataire de Jean Kocher et Anne-Marie Först mariés et citoyens de Herlisheim, … les deux habitaient ici pendant trois ans et la mariée est née ici. Les témoins présents ont été François-Joseph Oswald, François-Xavier Oswald, Jacques Kocher, Jean-Michel Schon, tous citoyens de Herlisheim, qui tous ont soussigné avec moi.
Epoux. Frantz Körper. Signe + de l’épouse.
Témoins. Frantz Joseph Oswald. François Xavier Oswald.
Jacob Kocher. Hans Michel Schon. J. Georges Paulus administrateur.
Remarque : on constate aussi des erreurs dans cet acte : d’abord dans le nom du village d’origine du marié (Knöttelsheim au lieu de Knittelsheim), puis dans le nom de la mère de la mariée (Först au lieu de Förtsch).
Sources :
Revue Française de Généalogie n°199.
Archives Départementales du Bas-Rhin : archives paroissiales de Herrlisheim cote 2G193/2 ; état civil de Bischwiller cote 8E46/35.
Site des Archives Départementales du Bas-Rhin : Etat Civil.
