Les Goetz-Kustner – ‘s Banesnàze

‘S Banesnàze, la propriété située 13 rue du Rhin à Offendorf appartient à la famille Goetz depuis trois générations. Mais quelle est l’origine de ce Hoftnàme (nom de ferme) ? Evoquons également le maire François Kustner et le curé Auguste Goetz, ainsi que le crucifix dit ‘s Goetze Kriz.

 

‘s Banesnàze

 

Origine du Hoftnàme

Les recherches menées dans les archives du cadastre d’Offendorf permettent de trouver les propriétaires successifs. En 1836, sur le premier plan cadastral, on constate que la propriété appartient à Kustner Ignace (1797-1875). Dans le registre des augmentations et diminutions, il est noté qu’il y démolit une maison en 1861 et qu’il paye une taxe sur une nouvelle construction en 1864. En 1871, la propriété passe à Goetz Charles (1848-1905) qui est marié avec Rosalie Kustner (1849-1930), la fille de Ignace Kustner.

Le père d’Ignace Kustner s’appelait Bernard Kustner (1766-1831) et était originaire d’Unzhurst en Allemagne. Le Hoftnàme Banesnàze est sans doute une contraction des prénoms du père et du fils Bernard et Ignace (en alsacien de Barnert un de Ignàz).

François Kustner le fils d’Ignace était le grand-père de Lucie Kistner (1892-1926) qui se maria avec Jean-Baptiste Hild (1887-1945). En 1915, Lucie écrit une lettre à la tante de son mari, Kientz Louise née Meyer (1841-1915) émigrée aux USA. Dans la description de la photo de groupe prise à son mariage, elle lui explique que son grand-père était toujours appelé Barnatznase Gus. Ce qui confirme que ce Hoftnàme est bien à l’origine celui de la famille Kustner.

Au fil du temps, la prononciation en alsacien s’est simplifiée et Barnatznase est devenu Banesnàze.

 

Extrait de la lettre du 25 mars 1915.

Extrait de la lettre de Hild Lucie du 25 mars 1915: « Früher sagte man zu meinem Großvater nur Barnatznase Gus. »

 

Rosalie Kustner, la sœur de François, fut le premier enfant à être baptisé dans la nouvelle église d’Offendorf en novembre 1849.

 

François Kustner (1845-1926), maire d’Offendorf

François Kustner était marié avec Elisabeth Roussel (1844-1902)  (voir ‘s Rüssels). Il était aubergiste et batelier. Avant 1875, il était passeur du bac reliant les deux rives du Rhin près d’Offendorf, comme l’avait été son père Ignace Kustner de 1859 à 1869. Le bac dont l’embarcadère se situait au Kilomètre 141,900 a disparu suite à la construction d’un pont de bateaux entre Offendorf et Gambsheim. En 1884, François est élu au conseil municipal. Il exerce les fonctions de maire d’Offendorf de 1902 à 1926.

 

Geschichte der Gemeinde Offendorf, Seite 30, August Kocher, 1910.

 

Pont de bateaux près d’Offendorf vers 1900.

 

Un bateau à vapeur passe le pont de bateaux près d’Offendorf.

 

Kustner ou Kistner ?

Xavier, le fils de François Kustner et d’Elisabeth Roussel, est né Kustner et décède Kistner, et tous ses enfants s’appelleront Kistner. Il semblerait qu’il ait volontairement voulu changer son nom. Mais on remarque dans l’Etat Civil, pas mal de variations dans l’orthographe des noms, suite à des erreurs ou parce que la personne qui rédige l’acte, écrit le nom comme elle l’entend. Les déclarants signent souvent avec une orthographe différente mais peut-être plus fiable car transmise de père en fils. Des noms ont parfois été francisés et des trémas allemands supprimés.

Kustner Bernard, l’arrière grand-père de Xavier, le premier Kustner d’Offendorf, était originaire d’Unzhurst en Allemagne. Son nom apparaît dans les actes de l’Etat Civil d’Offendorf avec un u ou avec un i. C’est sans doute à cette époque que la transformation s’est faite. Mais Bernard est né Kistner et on trouve beaucoup de familles Kistner à Unzhurst.

Maître Wündisch, notaire à Bischwiller entre 1896 et 1919, a réalisé les arbres généalogiques de nombreuses familles des villages autour de Bischwiller. Il a établi la descendance de Simon Kistner (père de Bernard) en utilisant l’orthographe Kistner.

L’orthographe d’origine est donc bien Kistner !

 

Marie Auguste Goetz (1878-1918) : « de Pfàrr’ Onkel »

Marie Auguste Goetz est un fils de Charles Goetz et Rosalie Kustner. Il est né le 30 janvier 1878 à Offendorf. En 1893, à 14 ans, il demande un permis pour émigrer en France. Il s’engage dans la vie religieuse dans le monastère de Remiremont dans les Vosges.

Il est ordonné prêtre le 25 juillet 1906. Vicaire à Wangenbourg-Engenthal (1906-1907), vicaire à Illkirch-Graffenstaden (1907-1911), vicaire à Brumath (1911-1912), vicaire à Hochfelden (1912-1914),  puis curé de Climbach le 16 octobre 1914.

Il décède de la grippe espagnole le 28 novembre 1918 à Climbach et est enterré au cimetière d’Offendorf. Son décès est déclaré à la mairie de Climbach par son frère François Goetz, garde-champêtre à Soultz-sous-Forêts et domicilié à la maison forestière Kirchspiel.

 

Première messe du curé Auguste Goetz à Offendorf en 1906. Assis au centre : François Kustner (maire et oncle du prêtre), Rosalie Goetz (mère du prêtre) et Auguste Goetz.

 

Tombe de l’abbé Marie Auguste Goetz au cimetière d’Offendorf.

 

 

Le crucifix dit « ‘s Goetze Kriz »

Le Goetze Kriz est situé près de l’intersection des rues Saint-Bernard et du Maréchal Leclerc avec la rue du Rhin. Il a été érigé par la famille de Rosalie Goetz née Kustner en 1925 à la mémoire de son fils le curé Auguste Goetz décédé en 1918 (voir ci-dessus). Initialement le monument se trouvait dans le Sandwoerth puis il a été déplacé et reconstruit en 1974, la base ayant été détruite par un véhicule.

Le crucifix, plus ancien et sans doute d’origine, se dresse sur la base plus moderne. Un bas-relief y représente la Vierge veillant sur le barrage, l’écluse et la centrale électrique, ainsi que sur les bateliers (ancre et barre) et les agriculteurs (charrue).

 

Le crucifix dit « ‘s Goetze Kriz » Photo © Jean-Luc Stadler, 2004.

 

Origine des familles Goetz – Kustner – Meyer

Les ancêtres des familles d’Offendorf Goetz-Götz (s’Banesnàze), Kustner-Kistner (s’Rüssels), et Meyer-Meier (s’Blàsis) descendants de Meyer Placide ou Blaise) étaient tous originaires des villages allemands situés en face d’Offendorf : Vimbuch – Unzhurzt – Gamshurst – Balzhofen – Zell – Ottersweier.

 

 

 

Sources:

Archives départementales du Bas-Rhin : cadastre d’Offendorf ; dossier d’émigration de Marie Auguste Goetz, cote 384D188 ; archives de l’évêché cotes 1VP182, 1VP218, 1VP244, registres Wündisch.

Geschichte der Gemeinde Offendorf, August Kocher, 1910.

Le clergé séculier et régulier de l’Alsace depuis la Révolution, Charles Kieffer, 1927.

Eglises et religions, annuaire de la Société d’Histoire et d’Archéologie du Ried Nord, 1995.

Gambsheim, Bettenhoffen, Kilstett, de Maximin à l’Euro, Editions Coprur, 2003.

Il était une croix, 600 histoires de croix d’Alsace, Stéphane Dangel et Jean-Luc Stadler, éd. du Signe, 2004.

Cartes postales d’Offendorf.

Archives familiales.